Les deux hommes s'apprécient et Georges Valois propose à Roger Maria de collaborer avec
lui. Roger Maria suivra Georges Valois jusqu'aux Ardillats. Seule la déportation les séparera. Mais aujourd'hui encore Roger Maria est fidèle à Georges Valois et c'est en grande partie grâce à lui que nous avons pu réaliser cet article.
En juillet et août 1940, Georges Valois et son adjoint Gustave Rodriguès sont à Bayonne. Ce
dernier se suicide. Georges Valois passe au Maroc où il crée un groupe clandestin qui édite une lettre confidentielle. Fin octobre 1940, il est arrêté " par précaution " et emprisonné à Meknès puis transféré à Clermont-Ferrand où il retrouve Pierre Mendès-France dans la même prison militaire. Les deux hommes se connaissent déjà puisque Georges Valois a aidé Pierre Mendès-France dans la préparation de sa thèse de docteur en droit sur la Banque des Règlements Internationaux.
Le 27 avril 1941, Georges Valois est libéré. Il retrouve à Vichy Roger Maria qui est
démobilisé le 30 avril et s'apprêtait à gagner la France Libre par l'Afrique du Sud...
Georges Valois et Roger Maria, devenu son secrétaire, au lieu de rejoindre Londres,
décident alors de " s'exiler " dans la région lyonnaise où ils ont des amis dans divers groupes de résistance. Georges Valois pense pouvoir acquérir une librairie.
" Je suis trop connu pour passer dans la clandestinité, je vais me mettre en quelque sorte, en
résidence surveillée officielle pour que la police sache que je ne m'occupe plus que d'activités éditoriales non politiques ".
En mai 1941, ils sont à Couzon au Mont d'Or où ils prospectent la région. Georges Valois se
rend compte qu'une librairie lyonnaise serait tout de même trop surveillée et il opte finalement pour une " résidence " plus discrète. L'hôtel du Val d'Ardières aux Ardillats est alors à vendre pour une bouchée de pain. Voilà une résidence, à l'écart, où l'on peut se faire oublier, mais qui permet aussi de recevoir des amis.
Fin juin, 1941, Georges Valois, ainsi que son épouse, emménagent au Val d'Ardières. Roger
Maria est là aussi.
Ils vont alors mener deux activités rédactionnelles parallèles. L'une , officielle, traite de
l'histoire des coopératives, de la législation des jardins ouvriers, donne aussi des conseils de jardinage au travers de fascicules ronéotés de 4-6 pages que reçoivent quelques deux cents abonnés. Les " amis " reçoivent, eux, en supplèment clandestin une lettre politique avec renseignements ou études sur... disons l'actualité.
Régulièrement, Roger Maria poste ces périodiques mensuels puis hebdomadaires en
éparpillant ses dépôts pour ne pas se faire repérer dans diverses boîtes aux lettres d'un large secteur couvrant Belleville, Villefranche et Lyon.
En 1943, avec Cerf-Ferrière et Delmas, de Combat , basés à Beaujeu, Georges Valois
publiera une nouvelle revue Après.
Seul, ensuite, il écrira sous le pseudonyme d'Adam, un numéro spécial d'Après, intitulé La
France trahie par les trusts.Tapée à la machine aux Ardillats et imprimée à Villefranche sur Saône, c' est la brochure la plus volumineuse publiée par la Résistance. |
Aujourd'hui, l'hôtel du Val d'Ardières à l'abandon.
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